Da pacem, Domine, sustinentibus te, ut prophetae tui fideles inveniantur :
exaudi preces servi tui, et plebis tuae Israel.
Laetatus sum in his quae dicta sunt mihi : in domum Domini ibimus.
« Donne la paix, Seigneur, à ceux qui t’attendent, afin que tes prophètes soient reconnus fidèles ; écoute les prières de ton serviteur et de ton peuple Israël. Je me suis réjoui quand on m’a dit : nous irons dans la maison du Seigneur » (Siracide, 36, 15, 16 ; Psaume 121, 1)
Les introïts du premier mode ont une couleur bien particulière : ils rayonnent la paix. Celui-ci est par excellence un chant de paix. Non seulement parce qu’il commence par ce mot et ce souhait de paix, mais aussi parce que toute sa mélodie et aussi son contexte liturgique sont très évocateurs de la paix qui est liée à la ville de paix, Jérusalem.
Dans l’antiquité chrétienne, la messe du 18ème dimanche après la Pentecôte n’existait pas. La nuit précédant ce dimanche avait été une nuit de veille consacrée notamment aux ordinations. La veillée se prolongeait tard dans la nuit et s’achevait par la messe au petit matin. Du coup cette messe qui restait liée au samedi, célébrée dans la nuit de samedi à dimanche valait pour ces deux jours et le dimanche était vacant. Ce n’est que plus tard, dans les milieux monastiques notamment, qu’on a composé une messe pour ce 18ème dimanche après la Pentecôte, qui est devenu aujourd'hui le 24ème dimanche du temps per annum.
Les moines ont particulièrement la nostalgie de l’éternité. Leur renoncement au monde les place plus spontanément peut-être dans la perspective du ciel. D’où leur amour de la Jérusalem céleste, cette cité de Dieu qui est aussi l’Épouse : un monde idéal où règne la paix, où triomphe enfin l’amour sans crainte de guerre, de maladie, de mort, de souffrance, de péché et d’offense.
On pense à la ronde des élus de Fra Angelico, cette merveille d’évocation du bonheur éternel qui nous attend. Alors quand les moines ont composé cette messe, ils ont développé ce thème de la Jérusalem céleste, dont le monastère, à leurs yeux, représente l’ébauche et comme l’anticipation. Et les chants de cette messe sont tous en rapport avec la ville sainte ou le temple.
L’introït évoque la paix, nom propre de Jérusalem qui signifie vision de paix.
Le graduel Lætatus sum fait allusion au pèlerinage qui conduit les fidèles dans la maison du Seigneur et à la joie de cette circonstance (la paix est aussi mentionnée dans ce chant).
L’alleluia célèbre l’hommage des nations elles-mêmes à la gloire du lieu saint et du roi divin qui y habite.
L’offertoire et la communion mentionnent les sacrifices qui montent du temple vers le Seigneur en offrande d’agréable odeur (évocation de l’eucharistie chrétienne, l’unique sacrifice qui résume et accomplit la multitude des sacrifices de l’ancienne alliance). Lire la suite >>>
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Salus populi ego sum, dicit Dominus : de quacumque tribulatione clamaverint ad me,
exaudiam eos : et ero illorum Dominus in perpetuum.
Attendite popule meus legem meam : inclinate aurem vestram in verba oris mei.
Je suis le salut du peuple, dit le Seigneur. Quelles que soient leurs
tribulations, s'ils crient vers moi, je les exaucerai et serai leur
Seigneur à jamais.
Écoute ma loi, ô mon peuple, tends l'oreille aux paroles de ma bouche.
Ce chant d’entrée pour le 25ème dimanche ordinaire (19ème dimanche après la Pentecôte), à part le verset, n’est emprunté littéralement à aucun texte biblique. C’est ce qu’on appelle une composition ecclésiastique. Cela ne veut pas dire pourtant que l’enseignement qui se dégage de cet introït soit dénué de saveur scripturaire, au contraire, on peut même dire qu’il est tout rempli de la pensée des auteurs de l’Ancien Testament et des prophètes en particulier. On pense notamment à Jérémie ou à Ézéchiel, à ces prophètes de l’Alliance qui proclament la fidélité de Dieu à ses engagements d’amour vis à vis du Peuple choisi.
« Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. » (Jérémie, 31, 33)
« Vous habiterez le pays que j'ai donné à vos pères. Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu. » (Ézéchiel, 36,28)
Mais ce texte appartient aussi bien au Nouveau Testament : il a des résonances évangéliques, (on pense notamment à tous les passages où le Seigneur dit « Je suis » comme dans notre introït : « Je suis le Bon Pasteur, je suis la Porte, je suis la Vérité, le Chemin et la Vie, etc. » On pense aussi aux passages sur la prière, par exemple : « Demandez et vous recevrez ». Le texte de notre chant d’entrée évoque enfin certains passages de l'Apocalypse, dans lesquels le Seigneur s’adresse aux différentes églises « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin ». Lire la suite
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Introït :Omnia quae fecisti nobis, Domine, in vero iudicio fecisti, quia peccavimus tibi,
et mandatis tuis non obedivimus :sed da gloriam nomini tuo,
et fac nobiscum secundum multitudinem misericordiae tuae.
Tout ce que tu nous a fait, Seigneur, c’est par un jugement équitable que tu l’as fait.
Car nous avons péché contre toi et nous n’avons pas obéi à tes commandements.
Mais donne la gloire à ton nom et agis avec nous selon ton immense miséricorde. (Daniel, 3, 31, 29, 43, 42)
V. Bienheureux ceux dont le chemin est sans tache, ceux qui marchent dans la loi du Seigneur » (Psaume 118, 1)
"La plupart des introïts du Propre du temps sont empruntés au Psautier, livre par excellence de la prière chrétienne. Il y a pourtant quelques exceptions et notre chant d’entrée d’aujourd’hui en fait partie. Son texte est tiré de la partie, rédigée en grec, du livre du Prophète Daniel. Il s’agit d’une belle prière, très complète, des trois enfants dans la fournaise, qui commence par une confession des péchés du Peuple, en vue d’obtenir de Dieu miséricorde, en un moment particulièrement difficile de l’histoire sainte, puisqu’il s’agit de l’exil à Babylone. Cet exil symbolise la vie sur terre, alors que Jérusalem représente la vie future vers laquelle nous marchons. L’exil est la conséquence, le châtiment du péché, et cela évoque le tout premier péché, le péché originel, qui a valu à Adam et Ève d’être chassés du paradis terrestre. Notre vie, ici bas, dans cette vallée de larmes comme le chante le Salve Regina, est un temps d’épreuve et d’espérance, un temps d’expiation de nos fautes qui creuse en nous le désir du bonheur sans fin de l’éternité. Cette prière dresse un constat douloureux mais en même temps elle est pleine d’espérance et de joie secrète, la joie de savoir que notre Dieu est un Père juste et aimant, un Père qui nous attend dans son royaume, au festin des noces de son Fils. Ce chant arrive sur la fin du cycle liturgique et cela doit nous faire réfléchir. La fin du cycle liturgique évoque et la fin de notre vie et la fin de la vie du monde. Cette situation nous oblige à bien considérer que la vie terrestre n’est qu’une étape, mais décisive, de notre existence et que nous sommes appelés à la vraie vie en Dieu, définitive et sans retour." (Un moine de Triors)
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Introït In voluntate tua
A ta volonté, Seigneur, tout est soumis, et il n’est personne qui puisse résister à ta volonté : car c’est toi qui as fait toutes choses, le ciel et la terre, et tout ce qui se trouve sous la voûte du ciel : tu es le Maître de toutes choses. (Esther 13, 9.10.11)
PS. Heureux ceux dont le chemin est sans tâche, qui marchent dans la loi du Seigneur ! (Ps 118)
"Le texte de notre introït, non psalmique comme les trois précédents, est emprunté aux additions deutérocanoniques (grecques) du Livre d'Esther. Il s'agit en l'occurrence du commencement de la prière de Mardochée, à l'heure où le peuple juif est menacé d'extermination. Les versets 17a-e du chapitre 4 (LXX 13, 8-14) représentent une sorte d'exorde, de « généralité » sur la toute-puissance de Dieu ; la demande précise sera formulée au verset 17f : « Et maintenant, Seigneur Dieu, Roi, Dieu d'Abraham, épargne ton peuple ! ›› Voici le texte vulgate des versets concernés par notre introït (les suppléments grecs ont été traduits par Jérôme sur un texte hexaplaire) :
13,9 Domine, Domine rex omnípotens (gr. pantokrator), in dicione (gr.exousia) enim tua cuncta sunt posita, et non est qui possit tuœ resistere uoluntatí (gr. en tôt thélein se), si decreueris saluare Israel.
13,10 Tu fecisti cœlum et terram, et quidquid cœli ambitu contínetur.
13,11 Dominus omnium es, nec est qui resistat maiestatí tuae
L'adaptation à l'usage liturgique a entraîné la postposition du vocatif Domine, laquelle a pour effet de mettre nettement en vedette, dans l'incípit, la « volonté » divine ; celle-ci prend d'ailleurs toute son extension de concept théologique, compte-tenu du fait que, la mention d'Israël ayant été supprimée au verset 17b, l'affirmation acquiert une portée universelle.Telle que le compositeur 1'a conçue, en tout cas, la pièce se présente comme une hymne au « Seigneur de l'univers », au « antocrator » , le pluriel neutre universa faisant inclusion d'un point de vue littéraire. Le premier uníversa traduit to pan de la Septante, le dernier panta. On notera que la confession de foi de notre introït se retrouve dans l’hymne de Ap 4, 11 : «Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance, car c'est toi qui créas l'univers ; par ta volonté, il n'était pas et fut créé. »
In voluntate tua est un Deuterus plagal en GREG comme en ROM (Mode IV) : sous sa livrée romano-franque, la pièce est éminemment représentative de la modalité de MI archaïque. Du point de vue de la stylistique générale, remarquons d'emblée, comme dans l'offertoire Tui sunt du Jour de Noël (GT 49) - pièce éminemment « universelle » elle aussi – l'importance des tenues unissoniques sur FA. Cette esthétique (du FA surplombant le MI), écrit le chanoine Jeanneteau, apparaît nettement dans l'introït In volantate tua, où l'on retrouve la valeur ornementale des six tristropha sur FA, dans un contexte mélodique de quasi-récitation sur MI » Quasi-récitation en effet, car le noyau expressif de la mélodie - le coin où elle n'en finit pas de causer - est la tierce RE-FA (ce qui fait d'elle, compte tenu de l'éloquence du LA, un Protus (Mode II) irrésolu de tempérament) ; le degré MI est en somme cet infini dans lequel elle tarde indéfiniment à se « poser », elle qui parle magistralement de la « position » de toute chose; dans lequel elle «résiste» même à se poser (voir la cadence inversée de posita), elle qui parle d'une impossible résistance. Mais pareil délai n'est-il pas bien davantage symbolique que fortuit ? C'est dans l'Infini, en effet, que repose, finalement, tout être et toute volonté.(Dans Chante et marche, père F. Cassingéna-Trevidy -Tome III-Temps ordinaire)
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